L’ANALYSE DE LA SITUATION 14/06
Malgré la mise en place du confinement depuis le 24 mars auquel est associé un couvre-feu de 21h à 07h (certains États du pays ont cependant débuté un dé-confinement partiel depuis le 10 juin), le nombre de nouveaux cas et dans une moindre mesure de décès, est en constante progression.
Dans la capitale économique du pays, Bombay, la situation sanitaire est hors de contrôle, tous les lits de soins intensifs sont occupés.
Le pic de la pandémie n’a toujours pas été atteint. Il est, pour le moment, prévu par les épidémiologistes pour la deuxième quinzaine de juillet (le cap des 300 000 cas a été franchi hier, le 13 juin). L’Inde sera probablement à cette date, le foyer principal dans le monde de la pandémie.
Carte du nombre de cas :
Remarque : +100 000 cas, État du Maharashtra, Capitale Bombay.
L’augmentation journalière du nombre de cas confirmés reste importante sur la dernière semaine (3,8 % en moyenne), légèrement en diminution par rapport à la semaine précédente (4,4 %). En valeur absolue, le nombre de nouveaux cas confirmés est passé de 8 392 le 1er juin à 11 929 le 14, le cap de 10 000 cas/jour ayant été atteint le 12.
L’augmentation journalière du nombre de décès (4,1%) est très légèrement en baisse cette semaine par rapport à la semaine précédente (4,3%). En valeur absolue, le nombre de nouveaux décès confirmés est passé de 230 le 1er juin à 311 le 14 . Le nombre de décès total (9 195) reste faible, mais il est sous-estimé.
Carte de répartition du nombre de décès :
150 320 personnes reçoivent un traitement, 8 944 sont en réanimation, le taux de mortalité (rapporté au nombre total de cas) est de 2,9%.
Le nombre de tests réalisés (5,66 millions) dont 320 922 les dernières 24 heures (4 183 tests par million d’habitants), même s’il est en forte progression, reste insuffisant par rapport à la population (pour mémoire : environ 1,353 milliard d’habitants). À comparer avec les USA : 22,52 millions de tests pour 332,3 millions d’habitants soit 68 600 tests par million d’habitants.
Cependant, rapporté à sa population, la crise sanitaire est pour le moment moins importante que sur le continent américain et la situation économique semble plus préoccupante après plus de deux mois et demi de confinement.
L’arrêt brutal de l’activité fin mars, a provoqué l’exode massif de millions de travailleurs migrants qui, ayant perdu leur gagne-pain du jour au lendemain, ont fui les grandes villes pour retourner dans les campagnes indiennes.
Fortement dépendantes de ces travailleurs manuels bon marché originaires de régions rurales pauvres, bien des entreprises indiennes n’ont plus assez de bras disponibles à l’heure du déconfinement. D’autant que, traumatisée par la dureté du confinement, une partie des migrants pourrait ne jamais revenir.
Sources :
Wikipédia : https://en.wikipedia.org/wiki/COVID-19_pandemic_in_India et https://en.wikipedia.org/wiki/COVID-19_testing
Corona Tracker : https://www.coronatracker.com/country/india
India Council of Medical Research : https://www.icmr.gov.in/
Our World In Data: https://ourworldindata.org/coronavirus
Ouest France: https://www.ouest-france.fr/monde/inde/coronavirus-la-pandemie-mondiale-s-aggrave-l-inde-fait-peur-6863461 et https://www.ouest-france.fr/monde/inde/inde-l-heure-du-deconfinement-les-usines-court-de-main-d-oeuvre-6860475
PAR ÉRIC LE DAUPHIN – 05/06
L’ANALYSE DE LA SITUATION 31/05
Le ministère de l’Intérieur a annoncé samedi un assouplissement important du confinement institué pour limiter la pandémie, à l’exception des régions où le nombre d’infections est encore élevé et ou il restera en place jusqu’au 30 juin.
Quasiment toute activité économique avait cessé fin mars à cause du confinement, plongeant des centaines de millions de personnes dans le chômage.
Des millions de travailleurs migrants ont fui les villes pour rentrer dans leurs villages, de nombreux d’entre eux étant forcés de marcher sur des centaines de kilomètres et certains mourant en chemin.
Le Premier ministre Narenda Modi a admis que la majorité du pays avait subi des souffrances immenses, dans une lettre ouverte à la population diffusée samedi.
La levée du confinement se fera par étapes et, pour l’instant, ne concernera pas certaines zones de confinement où des taux d’infection élevés ont été signalés, selon le ministère de l’Intérieur.
Ailleurs, à partir du 8 juin, les accès aux édifices religieux, hôtels, restaurants et centres commerciaux seront autorisés après consultations avec les autorités des États.
Les cours reprendront dans les écoles et universités après consultation avec les autorités des différents États indiens. Une décision devrait être prise en juillet.
Les vols internationaux, les déplacements de masse, les cinémas, les piscines et les bars restent fermés pour le moment.
Les événements sportifs restent également suspendus, et les grands rassemblements politiques ou religieux prohibés.
Le couvre-feu national a lui aussi été allégé et commence désormais deux heures plus tard, à 21 h.
Aucun déplacement pour entrer ou sortir d’une zone de confinement ne sera autorisé, à l’exception des urgences médicales et de l’approvisionnement en produits essentiels. Dans ces zones, les autorités mèneront une recherche intensive des personnes entrées en contact avec les malades, une surveillance maison par maison et d’autres interventions cliniques, d’après le ministère.
Le confinement a mis l’économie indienne, la troisième d’Asie, à genoux. Le gouvernement Modi a pris plusieurs mesures pour amortir le choc, débloquant notamment 255 milliards de dollars (10 % du PIB du pays) pour relancer l’activité.
Les usines et exploitations agricoles ont déjà pu reprendre le travail dans les zones avec peu ou pas de malades. Les vols intérieurs ont également repris récemment et certains trains roulent à nouveau.
Cette levée partielle du confinement, annoncée le samedi 30 mai, le jour même où le pays a enregistré une augmentation du nombre de cas en 24 heures la plus élevée depuis le début de la crise sanitaire, avec 7 964 nouvelles infections.
Malgré la mise en place du confinement depuis le 24 mars, le nombre de cas est en constante progression. L’augmentation journalière du nombre de cas reste importante sur la dernière semaine (4,8 % en moyenne) en légèrement diminution par rapport à la semaine précédente (5,5 %). Cela représente en valeur absolue un doublement des cas en deux semaines (de 85 240 le 16 mai à 173 363 le 30).
89 974 personnes reçoivent des soins, 8 944 sont passées en réanimation. Le nombre de décès (4 971) reste faible et peut s’expliquer par la jeunesse de la population dont l’âge médian est de 28,1 ans (France 41,5 ). 26,98% de la population a entre 0 et 14 ans (France 18,5%) mais il est très probablement sous-estimés.
Le nombre de tests réalisés (3 691 599) dont 173 763 les dernières 24 heures (2 670 tests par million d’habitants), même s’il est en augmentation, reste très faible par rapport à la population ( USA 16 099 515 tests pour 332,3 M d’habitants soit 49 048 tests par million d’habitants).
Carte du nombre de cas
Carte du nombre de décès
Sources :
Wikipédia : https://en.wikipedia.org/wiki/COVID-19_pandemic_in_India
Corona Tracker : https://www.coronatracker.com/country/india
India Council of Medical Research : https://www.icmr.gov.in/
Ouest France : https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/coronavirus-l-inde-va-assouplir-ses-mesures-de-confinement-6853131
Al Jazeera : https://www.aljazeera.com/news/2020/05/india-ease-coronavirus-lockdown-record-cases-200530162340356.html
L’ANALYSE DE LA SITUATION 25/05
Le 30 janvier, l’Inde signale son premier cas de COVID-19 au Kerala, puis, le 3 février, trois étudiants rapatriés de Wuhan sont déclarés positifs. Le 4 mars, 22 nouveaux cas ont été déclarés dont 14 touristes italiens. Le 12 mars, un homme de 76 ans, revenu d’Arabie saoudite, devient la première victime du virus.
La transmission s’intensifie en mars, après le signalement de plusieurs cas dans l’ensemble du pays. Pour la plupart, il s’agit de personnes de retour de pays déjà touché par l’épidémie. Le nombre de cas augmente de façon très significative et double toutes les semaines. L’Inde passe de 50 morts le 1ᵉʳ avril, à 1000 le 29.
Le nombre de tests effectués au 29 avril est très faible par rapport à la population : 770 764 (France 348 088).
Actions du gouvernement ou des États pour contenir la pandémie.
Janvier-Février :
Les premières mesures de précaution dans les aéroports débutent en janvier. Un contrôle de température est mis en place pour les passagers arrivant de Chine dès le 21 janvier. En février, le contrôle est étendu aux passagers en provenance d’Asie du sud-est.
Durant la première quinzaine de mars, le gouvernement met en place une « Task Force », chargée de coordonner l’action des ministères pour faire face à l’aggravation de la pandémie. Il cesse également de délivrer de nouveaux visas et suspende petit à petit ceux en cours.
Les Indiens revenant de pays touchés par le COVID-19 sont mis en quarantaine. Des mesures ensuite étendues aux citoyens d’Europe, des pays du Golfe et des pays asiatiques.
Le 16 mars, le gouvernement indien ferme les frontières avec tous ses pays voisins. Il demande à l’ensemble des états de faire appliquer les mesures de distanciation sociale et de les faire respecter par les forces de l’ordre.
Le 24, alors que plusieurs états et provinces indiens avaient commencé à confiner leur population depuis le début du mois, le Premier ministre, Narendra Modi annonce le confinement total du pays pour une durée de trois semaines. Il sera ensuite prolongé jusqu’au 3 mai avec un dé-confinement partiel dans les régions qui ont pu contenir l’épidémie.
L’Inde aussi fait face à plusieurs problématiques :
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c’est le 2ᵉ pays le plus peuplé avec 1,353 milliard d’habitants en 2018,
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sa densité, très forte, s’élève à 455 hab/km² en 2016. Bombay enregistre une densité de 83 000 hab/km². (À titre de comparaison la France compte 119 hab/km²)
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son système de santé est défaillant. Seul 1,2% du PIB est consacré à la santé (11,5 % en France). Le nombre de lits pour 10 000 habitants est de 7 (60 en France).
Facteur aggravant :
Le 13 mars, un rassemblement de la congrégation religieuse Tablighi Jamaat (société musulmane fondamentaliste) à Delhi est devenu le principal foyer d’infection du virus après que de nombreux cas à travers le pays aient été retracés jusqu’à l’événement. Une partie des participants ont pu être mis en quarantaine. D’autres sont encore recherchés par les autorités afin de les confinés également. De plus, la justice a engagé des poursuites contre l’organisateur de ce rassemblement pour entraver à la lutte contre le virus.
Le 1ᵉʳ mai, le gouvernement indien a annoncé une prolongation du confinement de deux semaines, soit jusqu’au 18 mai.
Comme la France, le pays est divisé en trois zones de couleur rouge, orange ou verte selon le niveau de circulation du virus.
Les zones vertes sont des circonscriptions avec aucun cas confirmé jusqu’à ce jour ou aucun cas confirmé au cours des 21 derniers jours.
La classification en zone rouge prend en compte le nombre de cas actifs, le taux de doublement des cas confirmés, l’ampleur des tests et les retours des brigades de surveillance.
Les circonscriptions qui ne rentrent pas dans ces critères sont classées en zones orange.
Zone rouge : Les mesures de confinement sont plus strictes qu’en France (couvre-feu de 19 heures à 7 heures par exemple), auxquelles se rajoutent des protocoles de surveillance (recherche des contacts, mise en quarantaine à domicile ou institutionnelle des personnes infectées).
Zone orange : Autorisation de circulation des taxis et des véhicules personnels avec un nombre limité de personnes à bord.
Zone verte : Les bus peuvent circuler à la moitié de leur capacité, tous les magasins peuvent ouvrir (dans le respect des distanciations sociales) et il n’y a plus besoin de dérogation pour se déplacer.
L’Autorité nationale de gestion des catastrophes a annoncé le 17 mai la prolongation du confinement pour une durée de 2 semaines soit jusqu’au 31 mai sur l’ensemble du territoire. Les États du Telangana (centre de l’Inde) et du Punjab (nord-ouest du pays) avaient déjà annoncé une prolongation du confinement, respectivement les 5 et 16 mai.
L’Inde a ainsi prolongé son confinement mais avec des assouplissements possibles afin de faciliter l’activité économique. Ce confinement qui affecte 1,3 milliard de personnes est en place depuis la fin du mois de mars et a eu des conséquences dramatiques pour les plus pauvres et les plus précaires des Indiens, qui ont été des millions à perdre leurs emplois.
Écoles, lieux de culte, centre commerciaux, cinémas et clubs de sports doivent rester fermés.
L’interdiction des rassemblements religieux et des événements sportifs est également prolongée, a précisé le ministère.
Les métros ainsi que les vols intérieurs et internationaux restent également suspendus. Le couvre-feu courant de 19h à 7h qui interdit tout déplacement sauf pour des services essentiels, reste en place.
Les restaurants, quant à eux, ne seront autorisés à servir que pour la vente à emporter. Les stades et enceintes sportives peuvent être utilisés pour des rencontres, mais sans public.
Cette extension du confinement a été annoncée dimanche, le jour même où le pays a enregistré son chiffre d’augmentation du nombre de cas en 24 heures le plus élevé, avec 4 987 nouvelles infections.
Statistiques:
Malgré la mise en place du confinement depuis le 24 mars, l’augmentation journalière du nombre de cas reste importante sur la dernière semaine (5,4 % en moyenne) en légèrement diminution par rapport à la semaine précédente (6,6 %). Cela représente en valeur absolue un doublement des cas en deux semaines (de 40 263 le 3 mai à 90 927 le 17).
Le nombre de décès (2 872) reste faible et peut s’expliquer par la jeunesse de la population dont l’âge médian est de 28,1 ans (France 41,5 ). 26,98% de la population a entre 0 et 14 ans (France 18,5%).
Le nombre de tests réalisés (2 227 642) dont 93 365 les dernières 24 heures, même s’il est en augmentation, reste faible par rapport au nombre d’habitants ( USA 10 217 573 tests pour 332,3 M d’habitants).
Nombre total de tests réalisés :
Nombre de test réalisés par jour :
Tous les experts sont d’accord pour dire que les chiffres (cas confirmés et décès) sont sous-estimés, notamment dans les zones rurales très éloignées de tout centre de soins. Chaque année, même lorsqu’il n’y a pas d’épidémie, la moitié des morts ne sont pas enregistrés.
Malgré la mise en place du confinement depuis le 24 mars, l’augmentation journalière du nombre de cas semble inexorable et reste importante sur la dernière semaine (5,5 % en moyenne), stable par rapport à la semaine précédente. Cela représente en valeur absolue à un doublement des cas en deux semaines (de 56 342 le 8 mai à 118 447 le 22).
Carte du nombre de cas confirmés:
Le nombre de décès (3583) reste faible et peut s’expliquer par la jeunesse de la population dont l’âge médian est de 28,1 ans (France 41,5 ). 26,98% de la population a entre 0 et 14 ans (France 18,5%).
Carte du nombre de décès :
Le nombre de tests réalisés (2 719 434) dont 103 514 les dernières 24 heures, même s’il reste en augmentation, est faible par rapport au nombre d’habitants (USA 14 117 870 tests pour 332,3 M d’habitants au 20 mai).
Malgré la mise en place du confinement depuis le 24 mars auquel est associé un couvre-feu de 21h à 07h, le nombre de nouveaux cas et dans une moindre mesure de décès, est en constante progression. Le pic de l’épidémie n’a toujours pas été atteint, à contrario par exemple de la France où il avait eu lieu aux alentours du 10 avril, soit un peu plus de trois semaines après le début du confinement. Cependant, rapporté à sa population, la crise sanitaire est pour le moment moins importante qu’en Europe et la situation économique semble plus préoccupante après plus de deux mois et demi de confinement.
Facteur aggravant :
De plus, L’Inde a dû affronter plusieurs calamités ces dernières semaines:
Passage du cyclone Amphan dans le nord-est du pays (Calcutta) le 20 mai, 250 000 personnes rassemblées dans des abris.
Invasion de criquets pèlerins (la pire depuis 30 ans) dans l’État du Rajasthan (nord-ouest du pays) qui ravagent les cultures.
Cyclone Nisarga dans l’État du Maharashtra (ouest de l’Inde, capitale Bombay) le 3 juin, 120 000 personnes rassemblées dans des abris.
Enfin, des températures caniculaires (plus de 40 degrés, ce qui ne facilite pas de rester confiné) frappent une partie du pays depuis une semaine, en légère baisse aujourd’hui.
L’augmentation journalière du nombre de cas reste importante sur la dernière semaine (4,6 % en moyenne), très légèrement en diminution par rapport à la semaine précédente (4,8 %). En valeur absolue le nombre de nouveaux cas confirmés est passé de 6 088 le 22 mai à 9 304 le 4 juin.
L’augmentation journalière du nombre de décès (4%) reste constant sur les deux dernières semaines. En valeur absolue, le nombre de nouveaux décès confirmés est passé de 148 le 22 mai à 260 le 4 juin. Le nombre de décès total (6 075) reste faible mais il est très probablement sous-estimé.
110 945 personnes reçoivent un traitement, 8 944 sont en réanimation, le taux de mortalité (rapporté au nombre total de cas) est de 2,6%.
Le nombre de tests réalisés, 4 386 379 dont 226 770 les dernières 24 heures (3 243 tests par million d’habitants), même s’il est en constante augmentation, reste très faible par rapport à la population (USA 18 680 529 tests pour 332,3 M d’habitants soit 56 911 tests par million d’habitants).
Sources :
https://ourworldindata.org/coronavirus#coronavirus-country-profiles
https://www.lci.fr/international/video-l-inde-fait-face-a-sa-pire-invasion-de-criquets-depuis-30-ans-2155084.html
https://www.thehindu.com/data/covid-19-under-which-zone-does-your-district-lie/article31487764.ece
https://economictimes.indiatimes.com/news/politics-and-nation/govt-extends-lockdown-by-two-weeks-permits-considerable-relaxations-in-green-and-orange-zones/articleshow/75491935.cms
PAR ÉRIC LE DAUPHIN – 05/06